DIAMOND ISLAND

  • Réalisateur:Davy Chou
  • Acteurs:: Sobon Nuon, Cheanick Nov , Madeza Chhem,...
  • Origine: CAMBODGE/ FRANCE/ ALLEMAGNE/ THAÏLANDE/ QATAR
  • Genres: Drame
  • Durée: 1h41
  • Année de production: 2016
  • Date de sortie: prochainement
  • Synopsis: Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes - de William Carlos Williams à Allan Ginsberg aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

Les lumières de Phnom Penh

Alain Lorfèvre

A côté de la chasse aux grands noms, le Festival de Cannes est aussi pour les critiques et les cinéphiles la pêche aux nouvelles perles, a fortiori dans les contrées moins exposées de la cinématographie mondiale. La Semaine de la Critique, dévolue aux premières œuvres, en a ramenée une du Cambodge, le bien nommé Diamond Island de Davy Chou.

L'île aux diamants du titre est le nom d'un vaste et luxueux projet immobilier sur une île reliée à la capitale Phnom Penh. Dans les faits, les dernières familles de pêcheurs qui vivaient là ont été expropriées brutalement en 2009. Davy Chou, documentariste exégète de l'histoire - troublée - du cinéma de son pays, signe ici une fiction qui ne prétend pas revenir sur ce passif, même si, à bien observé les décors, les interactions des personnages et le contexte du film, on peut en trouver des traces.

Cette fiction est la plus vieille du monde : Bora, 18 ans, s'exile dans la capitale, pour gagner son pain sur ce chantier. Il traîne le soir avec ses potes de labeur, chante au karaoké, retrouve Solei, son frangin disparu sans laisser de traces depuis des années, et croise une fille, charmante et jolie. Entre histoire de coeur et rêves de meilleur fortune que fait miroiter le frérot un peu relou, le récit présente pas mal de motif connu.

Mais David Chou métamorphose la pierre brute en Quartz aux beaux éclats. A défaut d'être un joyau absolu, c'est un joli kaléidoscope qui nous emmène dans les nuits de Phnom Penh et dans les rêves de ces jeunes adultes finalement si proches de leurs semblables d'autres horizons. Par la grâce d'une photographie soignée, on sent la moite chaleur des lieux, on se grise des virées nocturnes en mobylettes, où virevoltent les reflets des néons de lieux de plaisir variés.

Chou dresse mine de rien le portrait de sa ville, où, comme dans beaucoup de métropoles asiatiques, un patrimoine décatit ou reconstruit se mêle à une modernité tantôt clinquante, tantôt grise. Ce qui fait la différence, ce sont les individus. On sent le réalisateur encore proche de la génération qu'il dépeint. Avec une tendresse évidente et communicative, il en capte et restitue les désirs et l'énergie. Ce film devrait faire un carton chez lui. Vu d'ici, son charme hypnotique opère. Et offre au Cambodge un nouveau regard aux côtés du mémoriel - et essentiel - Rithy Panh (dont le dernier film est présenté hors sélection). Davy Chou, lui, incarne un avenir que l'on sera curieux de suivre.